On a cherché à éviter le piège des longues files d’attente, avant de se retrouver contraint et forcé à mettre du gasoil ce mercredi matin. Sans imaginer une seule seconde au départ qu’on y passerait la moitié de la journée !
« Ah, si j’avais mis du gasoil en fin de semaine dernière, plutôt qu’y renoncer parce qu’il y avait un peu d’attente… Si j’avais mis le plein la dernière fois, plutôt que 30 € comme d’habitude… Si je n’avais pas fait cet aller-retour imprévu ce week-end… » Avec des « si », tout est plus facile, et on n’en aurait pas été là ! On n’en était d’ailleurs jamais arrivé là en près de trente ans de conduite. Et il a fallu ce foutu mercredi matin pour se retrouver face au spectre de la panne, en entendant à la radio le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, assurer que « Non, il n’y a pas de pénurie de carburant en France ! ».
Le bon moment…
Mardi soir, on jonglait entre les réseaux sociaux et les applications mettant leurs informations à jour en temps réel (ou presque), pour échafauder le meilleur plan. Était-on sûr que la station d’Auchan était à nouveau opérationnelle, suite à la panne qui l’avait impactée jusqu’en début de soirée au moins ? Devait-on prendre le risque d’un aller-retour de 20 km pour rien, dans la nuit, sachant que le niveau de la jauge n’en permettrait pas un deuxième ? On a sagement remis la tentative au mercredi matin, en espérant que les approvisionnements en carburants ici et là réduiraient les files d’attente. Perdu !
Mercredi matin, il semble que la station d’Auchan est ouverte. Il est un peu plus de 9 heures quand on approche de la zone commerciale. Les voies de gauche sont déjà saturées de voitures insérées dans de longues files d’attente. On est alors si loin du but qu’on pense que c’est à cause d’un véhicule en panne. Quelques minutes plus tard, on prend place dans une autre file, rue Ampère. Il doit déjà y a voir une centaine d’automobilistes qui patientent de part et d’autre de la station. Mais rappelons-le, on n’a pas le choix ! Le témoin s’est mis à clignoter sur le tableau de bord.
Trois pompes sur huit
Une heure, deux heures, trois heures… Même la batterie du téléphone portable est vide. On redémarre le moteur par moments, on avance de quelques mètres, mais on est encore si loin du but. Et hors de question de remettre le plein à plus tard : on n’a pas attendu si longtemps pour rien, et on n’a plus assez de carburant. D’ailleurs, personne ne fait demi-tour. On va voir ce qui se passe à pied, ce qui nous permet de constater que seules trois des huit pompes fonctionnent.
Les gens qu’on avait vu entrer au restaurant à midi en ressortent. Nous, on digère mal d’avoir perdu notre temps de la sorte. Il est 13 h 45 quand on croise une dernière fois les doigts pour que les citernes ne soient pas à sec juste avant notre arrivée. Mission accomplie. Et sans rager sur la hausse de dix centimes par litre réglée au passage.
Témoignages
– D’une commerçante voisine de la station : « Bon courage ! Ils ont remis les pompes en service hier soir, et il y avait déjà les mêmes files d’attente à onze heures et à minuit. Ce matin, beaucoup de monde est venu très tôt, ça bouchonnait déjà à cinq heures ! ».
– D’un professionnel désabusé : « Je n’ai pas pu mettre de gasoil sur Lens en ce début de semaine. Je suis allé à mon rendez-vous de 8 heures à Monchy-le-Preux, et là je dois annuler mes autres interventions les unes après les autres, j’ai juste assez d’essence pour rentrer à l’entreprise ».
– D’un patron averti : « Il n’y a pas qu’ici qu’il y a des problèmes. J’ai une entreprise de transport, et deux de mes camions sont en panne de carburant, dont un en région parisienne ».
– De professionnels de la route : « On doit mettre cent litres de carburant dans notre camion tous les deux jours, et on ne peut pas se permettre de perdre quatre heures à chaque fois. Si ça continue, ça va devenir très compliqué de travailler… ».
– D’une automobiliste altruiste… mais pas trop : « J’avais prévu de mettre la moitié du réservoir, comme tout le monde devrait le faire. Mais vu le temps passé, je mets le plein, je n’ai pas envie de revenir faire la queue dans une semaine ! ».
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