Conduire la DS 9 m’a fait ressentir une étrange sensation : celle d’être simultanément très heureux et très triste. Je suis allé essayer la nouvelle grande berline française dans sa déclinaison hybride rechargeable en Champagne et je vous raconte tout .
Conduire la DS 9 m’a effectivement rendu très heureux -un sentiment qui s’est d’ailleurs manifesté dès la remise des clefs de mon exemplaire. J’étais déjà parti voir la grande berline (4.93 m !) française en studio l’année passée mais la découvrir enfin à la lumière naturelle m’a rendu joie : le consensus est là, la DS 9 est une jolie voiture. Sur les photos, je craignais un déséquilibre entre une face avant très massive et un arrière beaucoup plus fuyant mais la journée passée à tourner autour m’a rassuré sur l’élégance de la DS. L’air de famille avec le DS 7 Crossback est indéniable, avec les phares aux trois “diamants”, la signature lumineuse verticale et la calandre sertie de chrome à ses extrémités -calandre qui s’habille par ailleurs par un curieux motif au dessin paramétrique en 3D. On aime ou on déteste, mais ça ne laisse pas indifférent. Le capot s’orne enfin d’un “sabre” guilloché en son centre dont j’ai oublié l’existence 0.06 s après l’avoir découvert.
A l’arrière aussi, la DS 9 en impose tout en gardant les traits caractéristiques du DS 7, avec en point culminant les optiques très fines traitées en écailles, à mon goût d’un chic absolu. Autrement, le troisième feu stop court sur toute la largeur de la malle, les pots d’échappements me font le plaisir de ne pas (trop) être factices et les sabres chromés partant des extrémités des feux vers le profil apportent cette petite touche de clinquant assumé qu’on retrouve sur les autres modèles de la gamme. Ah, et en parlant de profil : les poignées de portes encastrées apportent une touche valorisante à la voiture, et me semblent de mémoire être plus agréables à prendre en main que celles de la DS 3 Crossback.
Une impression très positive de la robe de la DS 9, et qui ne va que s’intensifier à l’ouverture d’une des portes. On s’installe à bord et le claquement très sourd de la portière nous met au parfum : DS a mis beaucoup d’effort dans la qualité perçue de sa DS 9. Et qualité il y a, surtout en ayant coché l’option (à… 4 950 €) de l’intérieur “Opéra”. Dans ce cas, l’intégralité (je dis bien l’intégralité) de la planche de bord et des contre-portes sont recouvert d’un cuir Nappa “Noir Basalte” ou “Rouge Rubis” à l’effet patiné d’un toucher exquis ; le ciel de toit, lui, se voit tapissé d’un Alcantara noir de toute beauté. Les sièges se parent de la traditionnelle confection en bracelet de montre, tandis que les passagers arrière sont aux petits soins avec les deux sièges latéraux chauffants, massants et ventilés, tandis que l’accoudoir central se dote de finitions rappelant le reste de l’habitacle et de prises USB supplémentaires. Les passagers arrière ne voudront probablement pas en sortir, d’autant plus que l’empattement de 2.90 m (un record pour la plate-forme EMP2, 11 cm de plus qu’une Peugeot 508) permet une aisance de première qualité, notamment au niveau des genoux et des pieds. Une chose est sûre : la DS 9 sait recevoir.
Un dernier point sur la partie statique en précisant que la voiture photographiée et décrite correspond à la finition “Opéra +”. L’autre finition disponible, dénommée “Performance Line +”, joue une touche plus sportive avec l’abandon des chromes à l’extérieur, tandis que l’habitacle préfère se tendre d’Alcantara.
Une alléchante découverte statique, donc. Il est dorénavant temps de démarrer la voiture (comme sur le DS 7, le bouton est au centre de la planche de bord et l’actionner voit apparaître un chronographe BRM au sommet de celle-ci) et de tracer les routes champenoises à bord de la version hybride rechargeable E-Tense de 225 ch -un des trois choix de motorisation avec le PureTech 225 non hybridé et la méchante version 4×4 de 360 ch à l’essai juste ici. La recette est connue dans la gamme ex-PSA, puisqu’on retrouve l’association “1.6L PureTech 180 + moteur électrique de 110 ch + batterie de 11.9 kWh” sur les Peugeot 3008 & 508, entre autres. C’est ceci dit ma première fois au volant d’une voiture motorisée par ce GMP, et quelle première fois !
On ne va pas tourner autour du pot : la DS 9 est très, très agréable à conduire. J’avais déjà adoré conduire le DS 7, avec pour mémoire un Paris-Biarritz effectué d’une flèche dans un confort pullman, mais je ne suis pas loin de penser que la berline surclasse le SUV dans ce domaine. La DS 9 reprend pas mal de technologies de ce dernier, comme l’Active Scan Suspension (une suspension pilotée reliée à une caméra scrutant les déformations de la route) ou la sono Focal de 515 W, et ajoute sa touche personnelle avec quatre vitres feuilletées ou une insonorisation encore plus poussée. Le résultat ? Un confort absolument bluffant. En mode Confort, aucune trépidation, aucune sensation de flottement qu’on pouvait quelque fois ressentir à bord du DS 7. Les sièges maintiennent bien, la position de conduite est idéale, le volant est un régal à prendre en main. En d’autres termes : je suis bien. Et je suis même encore mieux que ça puisque mes oreilles bénéficient, au choix, d’un silence exquis de fonctionnement ou d’une sono Focal extrêmement bien calibrée, permettant quelques folies audiophiles. Même si la pédale de frein est un peu trop spongieuse à mon goût, la présence d’un mode “Brake” augmentant le freinage régénératif permet d’y avoir clairement moins recours. Franchement, en conduite “normale”, je n’ai vraiment pas grand chose à dire : l’agrément est de très haute volée. Lorsque le rythme s’accentue cependant, on remarque bien que la boîte auto n’est pas spécialement dans son élément, avec une certaine lenteur à rétrograder. Et le poids tout de même conséquent de cette DS 9 hybride (1 839 kg !) couplé aux lois élémentaires de la physique rendent la grande berline fatalement peu agile, même lorsque le mode Sport est activé. Vous l’aurez compris : autant la DS se moque des grandes courbes, autant les petits enchaînements sont moins sa marque de fabrique, où, à défaut d’une agilité démoniaque, elle demeurera toujours très saine et sécurisante. Que ce petit aparté sportif ne vous dévie pas du message que je veux faire passer : conducteur comme passagers bénéficient, à bord de la DS 9, d’une qualité de vie absolument remarquable. Bravo !
Dernier point sur la partie dynamique : la conso -un chapitre tout de même intéressant pour une hybride. J’ai bouclé le premier circuit de 110 km avec un résultat de 5.6 l/100 km en ne faisant pas spécialement attention à ma façon de conduire et la seconde boucle de 30 km, plus portée sur l’éco-conduite, sera sanctionnée par une conso moyenne de 2.3 l/100 km. Il faut ici préciser que le mode 100 % électrique n’a pas été utilisé sur les deux boucles (la seconde, dans ces conditions, aurait peut-être pu être entièrement couverte dans ce mode), où j’ai préférer alterner entre les modes “Hybride”, “Confort” (mon préféré) et “Sport”. Dans les deux premiers modes, j’aurais peut-être aimé une plus grande part de roulage en électrique pur ; le mode “Sport”, lui, me semble faire partir la consommation dans des confins fort reculés de notre Univers. Mais bon, on n’a rien sans rien !